Wednesday, May 26, 2010

Me. 12 mai - Kolkata, Victoria Hall

Aujourd'hui, il y a cette petite brise qui agite l'air agréablement, de celles qui en général apportent la bonne nouvelle d'une pluie imminente et du coup de températures un peu plus tolérables. Sauf qu'ici point de pluie, mais bon rien que l'idée fait déja du bien...

Un truc que les guides touristiques ne mentionnent pas et qu'il faut faire absolument ici, c'est de prendre le bus. Pas en pleine poire quand on traverse la route au mauvais moment, mais emprunter le moyen de transport pour atteindre une destination. Première étape, à l'arrêt, il faut mener une enquête auprès des autres usagers pour savoir quel bus prendre. Ensuite guetter les bus qui arrivent vaguement en direction de l'arrêt (genre 1 toutes les 10 secondes en heure de pointe, souvent par grappe de 3 ou 4) pour voir si le numéro correspond. S'il n'y a pas de numéro, écouter les cris du gars qui pend hors du bus par la porte ouverte et qui annonce la ligne alors que le bus passe devant l'arrêt. Si c'est la bonne ligne, hurler un coup, gesticuler dans tous les sens et courir derrière le bus qui ne s'est pas arrêté à l'arrêt puisque personne ne gesticulait quand il s'en approchait. Quand le bus ralentit, sprinter, s'agripper à la rampe et monter dedans. Chercher des yeux un siège vide, puis se résigner à rester debout (Attention: se tenir!).
Un peu comme avec Ikea, on a maximisé l'espace utilisable et à côté du conducteur, il y a des banquettes fourre-passagers. L'entrée (unique) du bus est au milieu à gauche (eh oui, ancienne colonie britannique, ils ont gardé cette habitude de rouler à gauche)
Un peu plus tard, faire un contact visuel avec le gars qui pendait hors du bus (c'est le contrôleur; entre les arrêts il arrête de pendre, il est dans le bus), lui dire où on va, et le payer. A l'approche dudit arrêt, le gars nous fait un signe, on se fraye un chemin jusqu'à la porte et on saute en route, en évitant si possible une collision avec les gars qui sont en train de courir pour monter.
Un pilote de bus pendant la course
La course en bus prend ici une tournure très premier degré, et les pilotes de bus lancent leurs bolides à l'assaut de la route (y compris passants, pousse-pousse, vélos et autres qui ont le malheur de traîner dessus) dans une course effrennée l'un contre l'autre qui n'est pas sans rappeler les courses de chars de Rome. Le pilote fonce pied au plancher, manœuvre pour couper la route aux autre chars et dépasse les traînards en jubliant, pendant que le copilote (le contrôleur) lui signale les haltes imposées, les obstacles et les filouteries des concurrents, ainsi que, lors des temps d'arrêt, le moment optimal où il peut redémarrer (càd quand il reste moins de 3 gars qui doivent encore sauter dans le bus).

J'avais cette image du bus en Inde avec des gars aux fenêtres les bras ballant le long de la carlingue... Eh bien non, un bras pendant par la fenêtre court le risque d'être arraché lors du prochain dépassement: ils se frôlent en général à quelques centimètres (mais je dois reconnaître qu'aussi petite qu'elle soit, cette distance est toujours strictement positive, et je n'ai pas vu de bus se rentrer dedans. Les pilotes sont vraiment impressionnants!)

A bien y réfléchir, se système est tout à fait adapté au besoin: faire bouger 10 millions de personnes sur un réseau totalement saturé. Il n'y a pas d'horaire, mais la cadence est suffisante pour maintenir une attente raisonnable aux arrêts (je n'ai jamais attendu plus de 10 minutes), et tout est mis en place pour que le bus délivre ses clients au plus vite à leur destination: temps d'arrêt minimum, utilisation optimisée de l'espace-voirie, profiter des temps morts pour régler les affaires de tickets et payements dans le bus, et finalement, le bus n'est (contrairement aux idées qu'on s'en fait) pas plus bondé qu'il ne l'est à Paris ou à Bruxelles. Il y a aussi un système de siège prioritaires pour les moins valides et les femmes (mais qui ont l'air de marcher un peu comme chez nous, premier arrivé premier servi, puis on regarde par la fenêtre d'un air distrait).

Et tout en ayant l'air d'un cirque complètement ahurissant vu de l'extérieur, une fois qu'on en fait l'expérience, ça ressemble assez à un parcours en bus après tout.

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