J'ai noté récemment une différence fondamentale entre mon job d'avant et mon job de maintenant, qui fait que je fais moins d'efforts pour être ailleurs qu'à mon écran.
Dans mon monde d'avant, celui de la consultance, on est payés pour résoudre des problèmes qui existent. Enfin "on est payés", entendons-nous: La boite de consultance est payée, et en retour, elle "valorise" ses employés, c'est-à-dire trouve mille et un trucs (certificats de "Jo a super bien fait son travail", "Marie la super-employée du mois", tournée générale de boites de choco-promo parce que le projet a bien tourné, etc. etc.) pour justement ne pas avoir à les payer, eux... Et donc:
- "petit problème = petits sous", et
- "gros problèmes = jackpot",
ce qui se propage aussi tout le long de l'échelle et au niveau du consultant aussi,
"petit problème = heineken", et
"gros problèmes = champagne".
Et donc logiquement l'humain s'adapte et la logique du consultant se déploye en deux temps:
1) «Eh boss, tu le vois là mon problème qu'il est gros, ooh oui, ouh là là, qu'il est gros!»
2) «Et voilà, j'ai résolu mon gros problème, waouh, c'était ardu parce que le problème il était bien gros! (Ah, gros qu'il était ça oui!) (wink wink et mon bonus aussi il va être gros et gras)»
Premier temps, il faut s'assurer que tout le monde surévalue bien l'ampleur du problème, puisqu'elle est directement proportionnelle au niveau du bonus en fin de course. En général, ça ne demande pas de talent particulier puisque les managers en tous genres n'ont pas la moindre idée de la nature du problème, gros ou petit, ils sont plutôt crédules et fonctionnent dans la même logique, donc très ouverts à avoir des problèmes de la catégorie "gros". Ca demande par contre pas mal de palabres, se renseigner à gauche à droite, faire présence dans des tas de réunions et répéter son petit speech à tour de bras. Pas d'être assis à son écran, si ce n'est pour envoyer des mails. Dans cette phase-ci, je pense qu'il est même honnête de dire que toute heure passée au clavier à bosser sur une solution au problème est doublement perdue: ça ne fait pas de publicité, et ça résoud, et donc rétrécit, le problème.
Deuxième temps, si tout s'est bien passé, on a amplement le temps de réaliser ce qui doit l'être, puisqu'on a sur-budgété le truc d'au moins 400%. Donc on résoud le problème en pensant au champagne et aux vacances aux Caraïbes payées par le bonus.
Le cauchemar des consultants: les braves couillons qui traînent dans le bureau du boss au moment inopportun et qui lâchent: "Ah mais ça c'est hyper simple, je vous le fais pour demain si vous voulez". Malheureusement, ils sont assez nombreux, ceux-là qui ont rien compris du tout et qui se contentent d'un paquet de chips là où on pouvait aller chercher la bouteille de champagne et le foie gras!
La stratégie perdante: Gonfler le problème et se faire damer le pion par l'autre enflé de l'équipe d'à-côté qui a une prétendue meilleure solution au problème parce qu'il avait justement prévu le coup alors qu'il travaillait sur son (presque le même) problème à lui (ce qui est en général complètement faux, mais il en profite pour doubler son potentiel de bonus, le salaud!)
(la suite demain)
Thursday, August 21, 2008
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment